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rait devenir grave. Croyez-moi, il vaut mieux aller à la noce qu’à l’enterrement.

Et il s’en alla, ayant promis de revenir dans la huitaine.

Le soir tomba.

La mère Catherine, assise dans l’encoignure de la fenêtre, ravaudait silencieusement une paire de bas. Un peu de calme planait dans la maison, Marthe ayant fini par s’assoupir. Le garde marchait de long en large dans la chambre, pliant sous le poids de préoccupations, qu’il gardait pour lui, et, de temps à autre, lassé de sa promenade, il venait s’asseoir au coin de l’âtre où brûlait un maigre feu de brindilles ; les yeux fixés sur le rougeoiement des braises croulantes, il paraissait y suivre des choses lointaines.

Les heures passaient, la nuit était venue, une nuit pluvieuse et que la clameur des vents déchaînés faisait toute pareille à une nuit d’automne. Les couloirs de la maison étaient parcourus par des hurlements bizarres, par des sifflements furieux, semblables à des miaulements de chats. On eût dit que des bêtes au dehors collaient leur museau au bas des portes, et soufflaient bruyamment de peur. Il était tard. Jacques Thiriet se leva soudain, dans une détente de son grand corps, et repoussant brutalement sa chaise, il gagna la porte, avec cette décision d’allure, propre aux gens qui prennent une résolution, après un long débat.

La vieille, anxieuse, n’osa pas l’interroger.

Elle entendit le bruit de ses pas s’éloignant sous les