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tre qu’il adressa publiquement au président de la Chambre des Communes du Canada. O’Donoghue écrit formellement, en date du 26 février 1875, que

l’insurrection fut conseillée par le gouverneur McTavish qui, avec d’autres officiers de la Compagnie de la Baie d’Hudson, l’aida depuis le jour de son inception jusqu’au dernier moment de son existence ; que Riel était en communication constante avec McTavish et dans beaucoup de cas agissait d’après ses instructions, et enfin, qu’il reconnut publiquement le gouvernement provisoire[1].

Je ne m’arrêterai pas à étudier le bien-fondé de toutes ces assertions. Une chose qui est bien certaine et que personne ne saurait nier, c’est qu’au commencement de 1870, McTavish se désista formellement de toute autorité et se rallia au gouvernement provisoire aussi publiquement qu’il lui était possible. Un M. John Sutherland, qui devait mourir sénateur, fut délégué avec trois autres membres de la convention convoquée par Riel afin de l’interroger, au nom de la partie anglaise des représentants du peuple, vu que ceux-ci étaient désireux de savoir à quoi s’en tenir sur la légalité du gouvernement formé par les métis, qu’il était question de compléter. Ce même sénateur fut dans la suite appelé à testifier dans la cause de Lépine, et voici sa déposition traduite aussi littéralement que possible de l’anglais :

Je faisais partie d’une députation qui alla voir le gouverneur McTavish… afin de savoir s’il était encore gouverneur. Nous allâmes du consentement de la convention, et notre question fut celle-ci : le gouverneur McTavish était-il encore gouverneur du pays, et continuerait-il à l’être ? La réponse fut : « Je n’ai aucun pouvoir, aucune autorité ; pour l’amour de Dieu formez un gouvernement[2] ». Ce fut là, autant que je puis me rappeler, la seule réponse que nous obtînmes[3].

Cette déclaration mit fin à toutes les hésitations. Même les plus scrupuleux parmi les Anglais concoururent à la formation définitive du gouvernement provisoire, qui fut composé de membres pris dans les deux partis. Ce gouvernement fut reconnu par le juge Black lui-même, le laïque probablement le plus con-

  1. Hill, Manitoba, p. 252. « La rébellion de la Rivière-Rouge fut en grande partie l’œuvre des agents de la Cie de la Baie d’Hudson », dit aussi P. O’Leary (Travels in Canada and the United States, p. 139).
  2. Form some Government, for God’s sake ; I have no power or authority.
  3. Preliminary Investigation, etc., p. 80.