la promptitude doit généralement être la qualité essentielle. Le gouvernement de l’Assiniboia avait déjà protesté officiellement contre l’envahissement de son territoire par le Canada lorsque celui-ci avait entrepris le fameux chemin Dawson. Quel cas avait-on fait de sa protestation ? Mais voilà des gens menacés dans leurs foyers et leurs biens patrimoniaux par des étrangers qui n’y ont aucun droit. Leurs institutions, leur langue et leurs écoles sont en danger avec leur propre vie nationale : à quoi eût servi une seconde protestation de McTavish sans aucun moyen de la faire respecter ? McDougall admit lui-même en plein parlement qu’il « était absurde de dire que la Compagnie de la Baie d’Hudson aurait dû maintenir l’ordre dans l’état moribond où se trouvaient ses représentants à la Rivière-Rouge[1]. »
Le gouvernement britannique était bien de la même opinion, puisque, avant d’avoir rien appris des troubles, lord Granville avait télégraphié au gouverneur du Canada que « le gouvernement par la Compagnie de la Baie d’Hudson n’était plus possible »[2]. En outre, les autorités fédérales avaient elles-mêmes reconnu trois ans auparavant que, si les métis et autres pionniers du pays n’affirmaient leurs droits, les étrangers le feraient au détriment de la couronne d’Angleterre. Lord Granville rappelait au cabinet d’Ottawa que « le 22 juin 1866, le Conseil Exécutif du Canada avait émis l’opinion que les parties les plus tentantes du Territoire seraient bientôt occupées par des personnes que la Compagnie ne pourraient contrôler, et qui établiraient un gouvernement et des tribunaux séparés (of their own) et proclameraient leur indépendance politique »[3].
Bien que ni sa nationalité ni sa religion ne l’identifiassent complètement au peuple métis, le gouverneur déplorait les empiètements du Canada. Riel et ses gens se contentèrent d’abord d’exécuter les ordres qu’il eût donnés, s’il n’eût été mis dans l’impuissance de rien faire par la maladie et sa position anormale découlant de ses relations avec la corporation qui devait seule bénéficier de la vente du pays. « À cette époque-là, dit Begg, les Français n’avaient aucun désir de déranger l’autorité exis-