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V. — cette infernale barrière !


Pour consolider la domination anglaise dans l’Amérique du nord, on avait réuni les provinces de l’est sous un gouvernement central, et formé un tout plus ou moins compact sous le nom de Puissance du Canada. Cette confédération, qui ne datait que de 1867 et après deux ans d’existence ne s’étendait pas encore à l’ouest de l’Ontario, n’en avait pas moins, dans l’intention de ses promoteurs, été dès l’origine destinée à embrasser dans son périmètre tous les territoires adjacents qui relevaient de la couronne britannique. Au mois de mars 1864, les hommes d’État qui préparaient cette organisation avaient formellement mentionné l’Assiniboia, ou la Rivière-Rouge, et les pays circonvoisins comme devant en faire partie[1]. Mais ils s’étaient heurtés aux prétentions et conditions par trop onéreuses exigées par la Compagnie de la Baie d’Hudson comme compensation pour l’abandon de ses droits à la souveraineté de cette contrée.

L’année suivante, des délégués avaient même été envoyés à la Rivière-Rouge en vue de s’aboucher avec les autorités locales et essayer de promouvoir l’union projetée. Mais on avait affaire à des marchands. Ceux-ci se montrèrent impitoyables quand il fut question d’argent.

Cependant les négociations se poursuivaient activement entre le Canada, la Compagnie et le gouvernement britannique. Vers la mi-décembre 1867, une pétition fut envoyée à la Reine signée des présidents du Sénat et de la Chambre des Communes du Canada, demandant l’autorisation de s’annexer les territoires du nord-ouest. Puis, deux délégués, sir Georges Cartier et l’honorable Wm McDougall, alors ministre des Travaux Publics, se rendirent à Londres pour traiter l’affaire avec plus de facilité et d’expédition.

Les pourparlers roulaient exclusivement autour de la question pécuniaire, et des sujets d’ordre purement matériel absorbaient toute l’attention des parties intéressées. À part une mention ou deux des aborigènes du pays, hasardée par le gouvernement anglais, pas un mot dans les dépêches officielles relativement aux

  1. Papers relating to Rupert’s Land, p. 18, par. 5. Londres, 1869.