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tiste IV (sixième génération), se ressentant du besoin de se remuer propre à la famille, passa de Berthier-en-haut au Nord-Ouest canadien, où il s’unit à une métisse franco-montagnaise de l’Île-à-la-Crosse.

De cette union naquit, le 7 juin 1817, Louis Riel, celui-là même dont nous allons présentement rapporter un des hauts faits. À l’âge de cinq ans, ses parents l’amenèrent à Berthier, où les cérémonies de son baptême furent suppléées au mois de septembre 1822. L’enfant grandit au Canada, et finit par apprendre le métier de cardeur. En 1838, alors qu’il atteignait sa vingt-et-unième année, il s’engagea pour trois ans au service de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et repartit pour l’ouest.

Après avoir servi au fort du lac la Pluie, il retourna au Canada et entra comme novice chez les RR. PP. Oblats, où il resta près de deux ans. Puis, désireux de revoir les grandes prairies de l’ouest, il repassa à la Rivière-Rouge, où il se trouvait depuis quelque temps quand la force des événements, ses qualités naturelles, non moins que la considération que lui assuraient auprès des métis ses grands voyages et son long séjour au pays des blancs, le portèrent insensiblement à la tête de ses compatriotes de l’Assiniboia. Une arrestation, qui n’était que la suite d’une série de pareilles mesures, ne tarda pas à mettre en relief ses qualités de meneur et de tribun du peuple.



Au mois de mars 1849, un métis français nommé Guillaume Sayer, fils d’un ancien bourgeois de la Compagnie, ayant acheté des marchandises dans le but de les revendre pour des pelleteries au lac Manitoba, fut arrêté malgré une résistance énergique, roué de coups et jeté en prison. Puis, quelque temps après, il fut élargi sous caution, quitte à subir son procès aux premières assises. Trois autres métis, Laronde, Goulet et McGillis — ce dernier évidemment le même que Cuthbert McGillis qui avait précédemment été membre du « Comité élu par le peuple » conjointement avec Riel — avaient pareillement été arrêtés pour cause de trafic illégal et condamnés à subir leur procès en même temps que Sayer.

La nouvelle de cette quadruple arrestation et des mauvais traitements infligés à Sayer exaspéra la population, et Riel crut qu’il était temps d’en finir avec ce que tout le monde regar-