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Enfin, dans la requête que les « habitants de la Rivière-Rouge » adressèrent en 1817 à Mgr Plessis, évêque de Québec, ils déclarent qu’il y a « une population chrétienne établie dans ce pays » ; qu’elle est « composée en partie de Canadiens » qui ont été autrefois au service des traiteurs, et que « depuis leur résidence ici » ils ont été sans secours religieux, etc., ce qui donne bien à entendre qu’ils y étaient depuis déjà quelque temps. En effet, le fort Gibraltar avait été fondé en 1807, et, comme tous les postes de la Compagnie du Nord-Ouest, il n’avait que des Canadiens-Français pour engagés, voyageurs, canotiers, interprètes, etc.

Mais la colonie canadienne demeura sans grande cohésion et même sans nom jusqu’en 1817, alors que des Allemands du régiment des Mourons envoyés par lord Selkirk pour reprendre son bien et rétablir la paix se fixèrent sur la petite rivière la Seine, que les colons de langue anglaise appelèrent longtemps pour cette raison German Creek. En l’honneur du patron de leur pays natal, ils donnèrent, à leur petite colonie le nom de Saint-Boniface.

C’est là, « vis-à-vis les forts du Nord-Ouest et de la baie d’Hudson, éloignés l’un de l’autre de huit à dix arpents, et à une quinzaine d’arpents du fort Douglas »[1], que M. Provencher bâtit sa première église. En prenant possession du terrain que lord Selkirk lui avait donné pour des fins religieuses[2], il consacra la fondation de Saint-Boniface, la plus ancienne paroisse du Manitoba et des provinces de l’ouest, le premier centre qui se soit perpétué jusqu’à nos jours sous sa forme originelle. Un livre anglais publié dès 1820 indique dans un plan tracé par le fameux cartographe Arrowsmith le site de Saint-Boniface, avec l’emplacement de l’église et autres bâtisses qu’y avait élevées M. Provencher[3].



Cette église, commencée en septembre 1818, fut affectée au culte le premier novembre de la même année. C’est assez dire que ce n’était pas un monument et que le nom de chapelle lui convenait tout aussi bien. Ce jour-là trois personnes de sang

  1. Lettre de Mgr Provencher, 20 juillet 1818.
  2. Et qui avait d’abord appartenu à un nommé Louis Jolicœur.
  3. Reports of Trials in the Courts of Canada relative to the Destruction of the Earl of Selkirk’s Settlement on the Red Hiver.