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X. — Conclusion.


Nous avons constaté au cours de notre petite étude que l’Ouest canadien avait été découvert par des explorateurs de race française, qui y avaient bâti les premières habitations fixes, fondé les premiers forts de traite, et semé les premières notions de christianisme parmi les aborigènes qu’ils avaient les premiers réconciliés avec notre civilisation. Puis, après que les fleurs de lis eurent quitté la vallée du Saint-Laurent pour retourner


Dans ces prés fleuris
Qu’arrose la Seine,


et que les roses de l’Angleterre eurent essayé de s’acclimater sur les bords de la rivière Rouge, nous avons vu l’élément canadien-français jouant partout le rôle de pionnier. Traiteurs et voyageurs se réclamaient de notre nationalité, et même parmi ceux qui ne partageaient pas notre sang, les premiers qui furent constitués en autorité, civile ou religieuse, étaient nos frères en catholicisme. Enfin, à côté des Canadiens proprement dits, nous avons vu naître cette race vigoureuse qui devait populariser le drapeau de ses pères sur les grandes plaines du Canada central. Nous avons assisté à sa croissance, et nous avons admiré son prodigieux développement jusqu’au jour où elle eut entre les mains les destinées de ces immenses régions. En 1849, elle affirma ses droits qu’une corporation qui récoltait là où d’autres avaient semé voulait méconnaître ; en 1871, elle conserva à la Couronne britannique les trois quarts du Canada actuel par son inviolable fidélité dans la plus imméritée des persécutions.

Ce glorieux passé ne suppose-t-il pas des droits acquis ? Oui, sans doute ; mais il suggère en même temps des devoirs à remplir. De fait, les premiers ne pourront s’affirmer avec quelque chance de succès qu’autant que les seconds ne seront point oubliés par les successeurs de ceux dont j’ai rappelé les hauts faits. Noblesse oblige : le Canadien de l’Ouest ne peut pas forfaire à l’honneur, et il doit tenir haut le drapeau que lui ont légué ses ancêtres. Pour remplir la mission que la Providence semble lui avoir confiée, il doit avant tout rester non seulement canadien, mais canadien-français. Dans ce but, il est de son