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ayant été rappelée, il y avait en réalité fort peu de matériaux pour offrir une résistance vigoureuse. Ajoutons à cela qu’il [le chef fénien] avait une ample provision d’hommes à sa portée ; car il y avait alors dans le nord du Minnesota deux chemins de fer en construction qui occupaient plusieurs milliers d’hommes, Irlandais pour la plupart…

Quant aux armes et aux munitions, il y en avait une assez grande quantité vu que le gouvernement des États-Unis avait eu la bonté de lui rendre celles que ses troupes avaient capturées après le premier raid[1].


Un envahisseur eut-il jamais pareilles chances de succès ? Non, s’il est réellement favorisé de toutes ces conditions. Mais dans le cas présent un petit contretemps, l’erreur fondamentale sur laquelle ses plans étaient basés, fut sa perte. Grâce à Mgr Taché et à Riel, les métis français se prononcèrent unanimement contre le mouvement d’invasion — le document ci-dessus en fait maintenant foi ; O’Donoghue fut arrêté par un parti de métis français — Hill l’admet lui-même[2] ; la sortie du côté de Saint-Joseph, qui devait être la pièce de résistance de la campagne projetée, avorta par suite de l’hostilité ouverte des chefs français, et l’ouest canadien resta à la Couronne anglaise. Cuique suum !

Terminons par le témoignage de la personne dont l’opinion doit primer toutes les autres. Sous la foi du serment le gouverneur Archibald fit en 1874 la déclaration suivante : « Je crois que l’attitude des métis, lors de l’invasion fénienne, fut due aux représentations de leurs chefs que j’ai déjà mentionnés, et si les métis eussent pris une attitude différente, je ne crois pas que la province serait maintenant en notre possession »[3].

Après cela les dires et insinuations des fanatiques ne sont guère de nature à faire impression.

  1. L’auteur fait ici allusion à la première échauffourée des féniens dans l’Est du Canada. Op. cit., p. 470.
  2. Manitoba, p. 338.
  3. Dépos. devant le Comité du Nord-Ouest, p. 153.