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duire à la connaissance des vérités naturelles et principalement de celles qui ont trait aux quantités, comme cela a lieu indubitablement pour les vérités économiques »[1][2]. Et plus d’un siècle plus tard, les deux principaux créateurs des théories mathématico-économiques modernes, W. St. Jevons et L. Walras, ont usé du même argument dans de nombreux passages de leurs œuvres parmi lesquels nous nous bornerons à citer le suivant, qui nous paraît particulièrement typique parce qu’il peut être considéré comme l’expression commune de la manière de voir de ces deux auteurs, car Walras n’a pas hésité à le faire sien[3] après l’avoir lu dans un ouvrage de Jevons. « Il me semble que notre science doit être nécessairement mathématique, simplement parce qu’elle traite de quantités. [C’est l’auteur qui a souligné]. Toutes les fois que les choses dont on traite sont susceptibles d’être plus grandes ou plus petites, les lois et les relations doivent être mathématiques[4]. Les lois ordinaires de l’offre et de la demande traitent uniquement de quantités de produits, demandées ou offertes, et expriment la manière dont les quantités varient en raison du prix. La conséquence de ce fait est que ces lois sont mathématiques. Les économistes ne peuvent en modifier la nature en leur en refusant le nom ;

  1. Passage cité par MM. F. Virgilii et C. Garibaldi dans leur Introduzione… [p. 259], Int., sect. I.
  2. Il est intéressant de rapprocher de cette appréciation celle de Le Trosne : « La science économique s’exerçant sur des objets mesurables est susceptible d’être une science exacte et d’être soumise au calcul. » (De l’ordre social. Discours VIII, p. 218).
  3. Cf. Économique et Mécanique dans Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. XLV, Lausanne, 1909, p. 166.
  4. Cpr. J. Dupuit (Annales des Ponts et Chaussées, 1844, 2e sem., p. 375 n.) « Dès que l’on reconnaît, comme J.-B. Say, que l’Économie politique s’occupe de quantités susceptibles de plus ou de moins, on est obligé de reconnaître en même temps qu’elle se trouve dans le domaine des mathématiques. »