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leur semblait convenir à ce pauvre malade, que tous connaissaient à Mondorf pour avoir surpris au hasard d’une conversation :

— M. Darcier… vous savez bien, l’incurable !…

Le sachant sous le coup d’une condamnation à mort prononcée par la Faculté, on avait pour lui de plus grands égards, malgré l’opposition que, depuis quelques jours, M. Petit faisait à cette opinion unanime.

— Je ne sais, disait-il souvent, où vous prenez les motifs de ces convictions pessimistes : pour ma part, j’en ai de tout autres, et j’espère voir le jeune homme guéri bientôt.

On secouait la tête et l’on s’en allait sans le vouloir laisser paraître en présence du prétendu moribond, pour qui pareille révélation eût été terrible.

Le comité d’administration se composait d’un conseiller du gouvernement, M. Janrion, excellent homme, dévoué corps et âme au succès de l’établissement, dont la direction lui donnait, sans qu’il s’en plaignît, une énorme surcharge de travail ; du major commandant le corps des volontaires du Grand-Duché, homme de goût et de bon conseil dont le concours était précieux ; et enfin de l’architecte de l’État.

En arrivant devant Fernand, M. Janrion, qui l’avait rencontré chez le docteur Petit et le connaissait ainsi plus particulièrement, s’informa de sa santé.

— Je me sens bien, Monsieur, je vous remercie, lui dit Fernand. Mais je suis désolé des ravages exercés dans le parc par cet orage d’hier. À dire vrai, du parc même je m’occupe bien peu ; mais ce petit retrait où vous me trouvez en ce moment est