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sur leur passage les terres du parc, les plantations et les pelouses.

L’orage avait duré trois heures, la pluie continua jusqu’à la nuit tombée. Et ce ne fut que le lendemain qu’on put constater l’importance des dégâts commis la veille par l’élément en furie : les chemins défoncés, les terres ravinées, les berges de la pièce d’eau et du ruisselet écroulées, les plantations bouleversées, une foule d’arbustes déchaussés, ne tenant plus au sol que par l’extrémité de leurs racines, dont on voyait à nu le triste enchevêtrement.

Fernand courut à son petit coin, ayant au cœur le vague espoir de constater qu’il n’avait pas trop souffert. Il ne s’était pas trompé. Quelques forts rameaux de l’érable avaient jonché la pelouse de leur feuillage écrasé, çà et là des ravines couraient dans le sable qu’elles avaient lézardé ; mais déjà le ruisselet, rentré dans son lit, avait repris son murmure paisible, les eaux, débarrassées du limon, revenaient à leur teinte naturelle, et les mésanges chantaient partout dans les buissons.

Fernand s’assit sur le large banc de bois, soulagé. L’administration devant dès le même jour mettre à la tâche plusieurs équipes d’ouvriers pour réparer les dégâts commis dans le parc, il se proposait de demander au régisseur qu’on voulût bien commencer par remettre en état la petite part qu’il s’était réservée.

Un heureux hasard permit qu’il présentât sans retard cette requête : M. Pauley, accompagné du comité d’administration de l’établissement, se dirigeait vers l’endroit où il était assis.

Ces messieurs le saluèrent, mettant dans leur salut, sans le vouloir, la teinte de commisération qui