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la charité n’étaient point exercés par elle au détriment du respect filial, et chaque fois qu’il lui arrivait spontanément de prendre, ainsi que la veille, une résolution généreuse, elle ne manquait pas de la soumettre aussitôt à l’approbation de son père et de la faire ainsi sanctionner.

Cette approbation, d’ailleurs, ne lui manquait jamais, et sa fille ne la lui demandait pas sans que M. Dubreuil se sentît envahir tout entier d’un sentiment de fierté orgueilleuse. Cette fois, quand Raymonde eut exposé son cas en détail :

— Tu as noblement agi, ma chère enfant, lui dit le député, et je te félicite de tout mon cœur.

Mais Marcelle, qui avait assisté à l’entretien, ne le laissa pas se terminer ainsi. Elle prétendit avoir sa part dans la bonne action de sa grande sœur, et être mise au nombre des demoiselles qui payeraient plus tard la note du malheureux. Elle avait des économies, n’est-ce pas, et elle tenait à en faire quelque chose d’utile. L’avarice était un vilain péché, elle voulait donc ne pas en être accusée.

— Soit ! ma chère, dit Raymonde, qui était heureuse de pouvoir encourager chez l’enfant d’aussi bonnes dispositions. Tu seras portée sur la liste de notre association et tu payeras ta quote part.

— Voilà qui est parfait, dit alors M. Dubreuil. Et puisque Dieu me fait le bonheur d’avoir d’aussi généreuses filles, je veux leur prouver combien je les aime en leur faisant une proposition…

— Dis bien vite, petit père ?…

— Eh ! bien, voici ce que c’est. J’ai entendu annoncer hier que c’est au commencement de la semaine prochaine que doit avoir lieu le grand