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de confiance… Je ne puis cependant le laisser couché sur ce banc… Que faire ?…

Tandis qu’il réfléchissait ainsi, Raymonde arrivait par l’avenue avec quelques amies. Sur leurs pressantes instances, M. Canon, d’abord tout confus, mit ces jeunes filles au courant de l’affaire.

— Voilà un tout petit malheur, monsieur, s’écria Raymonde, et je vous prie de me permettre de le réparer. Cherchez-nous, s’il vous plaît, un homme qui puisse conduire ce malheureux dans un hôtel ici près : mes amies et moi, nous nous cotiserons pour payer les frais de son séjour.

— Tu as une bonne idée, Raymonde, dit une des jeunes filles, et je te remercie, pour ma part, d’avoir bien voulu m’associer à ton charitable projet.

Tout s’arrangeant parfaitement de cette façon, les demoiselles se retirèrent, tandis que le régisseur disait au pauvre diable, qui n’avait pas compris un mot du colloque :

— Peste ! mon ami, vous êtes né sous une bonne étoile. Des demoiselles qui s’intéressent à vous et qui s’engagent à solder la note de vos frais de séjour ici, rien que ça….

— Eh bien, lui dit l’homme, et le gouvernement ? Il n’aura plus rien à payer et c’est lui qui en profitera, alors ?….

— Décidément, pensa M. Canon en aidant le malheureux à se remettre debout, son éducation sera difficile à faire. A-t-il de drôles d’idées sur la mission du gouvernement, celui-là !…

Dès le lendemain matin, Raymonde mit son père au courant de cette petite aventure. Les devoirs de