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indication, la coïncidence est aussi frappante que la similitude des symptômes. Ce serait à jurer qu’il existe, chez les deux malades, une intime consanguinité… Et cependant il n’en est rien. Ces gens ne se connaissent pas… Ils ne sont pas venus ensemble…

— Bah ! fit-il en conclusion, quelque méchant tour du hasard !…

Le malade venu la veille et dont le médecin venait de relire le diagnostic, n’était autre que le jeune homme qui avait fait, de compagnie avec les Dubreuil, le voyage de Reims à Luxembourg, Fernand Darcier.

En proie depuis sa plus tendre enfance à une maladie de poitrine qu’il avait héritée de sa mère, privé à dix ans des soins de celle-ci, morte dans la fleur de l’âge, puis brusquement séparé, quelques semaines plus tard, de son père subitement frappé de folie, Fernand avait mené depuis dix ans la plus misérable existence. Envoyé de médecin en médecin, de ville d’eaux en ville d’eaux, finalement abandonné de tous et déclaré incurable, il était à la fin de l’hiver rentré chez lui, où habitait le tuteur chargé du soin des intérêts de son importante maison.

Il y végétait depuis deux longues semaines quand un prospectus, envoyé par hasard, lui tomba sous les yeux. C’était, imprimée autour d’un paysage où se profilaient quelques bâtiments, la modeste réclame faite par l’État luxembourgeois dans l’intérêt de sa propriété balnéaire.

Fernand lut le prospectus : alléché par la curiosité de connaître un pays qu’il avait à peine entendu nommer jusqu’alors, il dit à son tuteur l’envie