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surtout y prenait grand intérêt, sentant se développer en elle un profond sentiment de compassion pour le pauvre jeune homme, que cette simple conversation paraissait épuiser déjà.

— Vous êtes sans doute de ce pays ? dit M. Dubreuil. La connaissance parfaite que vous avez de toutes ces choses le fait supposer du moins ?

— Vous ne vous trompez pas, Monsieur, répondit-il ; même ma famille y est, depuis le siècle dernier, propriétaire d’une maison considérable dont le nom est connu un peu partout. C’est du champagne fabriqué dans nos caves que vous buviez tantôt.

Raymonde, saisissant vivement le flacon abandonné sur le siège à côté d’elle, lut le nom inscrit sur l’étiquette, puis le fit voir à son père.

— Darcier, lut M. Dubreuil à ton tour ; en effet, le nom est très connu.

Ils se saluèrent de nouveau, puis le silence se fit, chacun suivant sa pensée tandis que le train filait à toute vapeur.

À chaque arrêt du train, Jacques montrait la tête à la portière :

— Vous ne désirez rien ? monsieur Fernand. Il ne vous manque rien ? Mes services ne vous sont pas nécessaires ?

Et chaque fois le jeune homme répondait en secouant la tête, paraissant fort ennuyé de cet empressement qui faisait ressortir encore davantage le triste état de sa santé, le montrant contraint de se faire accompagner en voyage par un laquais.

Enfin le train entra en gare de Nancy. M. Dubreuil et ses filles saluèrent leur compagnon de voyage et se jetèrent dans une voiture de place