Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 236 —

rester heureuse comme je le suis, et n’ai point d’autre désir que de continuer à vivre entre vous et Marcelle…

Une pâleur livide avait envahi la pauvre fille tandis qu’elle parlait ainsi, et il lui fallut toute son énergie pour ne pas faiblir. Mais la demi obscurité qui régnait dans le corridor, et surtout la joie immense dont cette détermination de sa fille comblait M. Dubreuil, l’empêchèrent de s’en apercevoir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dans le salon du kursaal, brillamment éclairé de toutes les lumières du grand lustre, les baigneurs et les baigneuses avaient pris place pour assister au concert d’adieu qui était comme la clôture de la saison. On s’était mis d’accord pour admettre que, restant entre soi, comme on dit, et la fête étant essentiellement une fête de famille, on se dispenserait de se conformer à l’ennuyeuse étiquette. Les hommes étaient venus en veston léger, les dames en robe de visite : seuls les jeunes gens et les demoiselles qui faisaient leur partie dans le concert étaient en toilette de cérémonie. Pensez donc ! il fallait monter sur la scène !…

Car il y avait une scène : des tables alignées, cachées sous un large tapis, et auxquelles on accédait par un escalier portatif. Au dessus, des guirlandes de feuillage avec des drapeaux variée, aussi nombreux que l’étaient les nationalités qui comptaient des représentants dans la colonie. Puis enfin, devant et sur la droite, le piano tenu par un jeune amateur plein de talent.

L’orchestre, qui allait faire l’ouverture du concert, était placé dans le salon voisin, d’où le son arrivait très distinct, moins bruyant, par les hautes portes larges ouvertes.