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le parc, un coin bien discret où personne ne viendra nous déranger.

— Certainement, docteur, et avec le plus grand plaisir.

Ils montèrent du côté du bosquet et trouvèrent bientôt, sous l’ombre d’un grand hêtre, un banc qui les invitait à s’asseoir.

M. Petit entra résolument en matière. Il expliqua les circonstances à la suite desquelles il avait accepté la mission dont on l’avait chargé. M. Darcier, étant orphelin et n’entretenant avec son tuteur que de lointaines relations, s’était adressé à son amitié pour lui rendre ce service : il n’avait su lui refuser. La fortune était considérable, la famille d’une honorabilité parfaite, cette demande en mariage était donc absolument seyante…

Dès les premiers mots, M. Dubreuil avait été frappé en plein cœur. Voilà donc réalisée cette menace devant laquelle il avait si souvent tremblé. On voulait lui prendre Raymonde !…

Que deviendrait-il alors, lui, si Marcelle se trouvait ainsi tout à coup privée de celle qui lui remplaçait la mère absente ? La pauvre enfant ne supporterait pas un pareil coup. Alors, pourquoi l’avoir guérie ?…

— Jamais ! docteur, dit-il tout à coup avec un geste brusque. Jamais, entendez-vous…

Puis tout à coup il fut pris de ce même remords affreux dont il avait été naguère assailli. Le rouge lui monta au front et une grande tristesse l’envahit tout entier. Alors, il essaya de se donner le change à lui-même et expliqua au médecin. Comment pouvait-on songer que lui, père soucieux avant toute chose du bonheur de ses enfants, irait donner Ray-