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regard errait de l’arbre au ruisseau, semblant leur demander de regarder ses larmes, et de lui dire si elles n’étaient pas plus amères que celles qu’il avait si souvent versées à cette même place…

Tout à coup un bruit de pas se fit entendre dans le sentier. Et comme Fernand se ressaisissait, le régisseur se montra, sortant du massif.

— Tiens, M. Darcier, dit-il. Vous venez revoir cette place qui fut si souvent la vôtre depuis trois mois ?… Mais n’oubliez-vous pas l’heure du dîner ? On vous cherchait tout à l’heure, et l’on doit vous attendre sans doute à l’hôtel.

— On me cherchait, dites-vous, repartit Fernand. Et qui cela ? je vous prie.

— Mais, mademoiselle Marcelle Dubreuil, que Monsieur son père envoyait à votre recherche, ayant à vous entretenir, m’a-t-elle dit, d’un projet de promenade.

— Merci, Monsieur Canon, dit le jeune homme en se hâtant de s’éloigner. Je cours rejoindre M. Dubreuil.

À l’hôtel, quand il entra dans la salle à manger, les convives de la table d’hôte accoutumée avaient commencé de dîner. M. Dubreuil avait expliqué à Raymonde que l’idée lui était venue de commander un breack : il avait pensé que M. Darcier ne connaissait rien, mais absolument rien des environs de Mondorf, encore qu’il fût, depuis trois mois, l’hôte de l’établissement. Avec deux bons chevaux et une voiture pas trop lourde, on pourrait faire un bon bout de chemin, voir Dalheim, puis Rettel, enfin joindre Remich et rentrer par la grande route, en traversant la magnifique forêt. Ce serait une promenade splendide. Allons ! c’était encore une joyeuse après-dînée qui s’annonçait.