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vos souffrances, renonçant d’ailleurs à votre guérison, dont l’espoir, disait-il, eût été une chimère. Tout le monde vous abandonnait, prévoyant un dénoûment fatal et prochain. Vous étiez incurable !…

Dans de pareilles conditions, je songeai aussitôt au regain de réputation que pourrait donner à l’établissement que je dirige un démenti infligé à toutes ces prédictions pessimistes, et je me promis de vous examiner. Les premiers jours, vous l’avouerai-je ? la gravité de votre mal faillit me rebuter et faire s’envoler bien loin ce que déjà j’allais prendre pour une illusion ; mais peu à peu ma conviction se forma, je me consacrai passionnément à votre salut, et bientôt je caressai au fond de mon cœur l’espoir de vous rendre la santé.

La minutieuse étude que je fis des progrès obtenus par le traitement, dans la lutte que je livrais au mal dont vous étiez la victime résignée, changea plus tard cette espérance en une certitude absolue, dont je ne craignis plus de faire part à nos amis. Aujourd’hui enfin, j’ai la grande joie de vous annoncer votre guérison, et d’en consigner à l’actif de Mondorf le succès éclatant et inespéré…

Mais quoi !… vous pleurez ?

— Ah ! cher docteur, laissez couler ces larmes qui me soulagent. Ce que vous venez de me dire est une révélation. Condamné par les médecins ! Incurable !… Un trouble étrange m’a saisi tout à coup et bouleversé en vous l’entendant dire. Et voici que je suis guéri, grâce à vous, aujourd’hui. Ah !… je sens un bonheur indéfinissable envahir tout mon être.

Comment saurai-je jamais vous prouver ma reconnaissance ?…