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l’insuccès. Il avait cependant retrouvé, au moment de quitter Fernand, les mots de consolation et d’espoir qui soutenaient son malade depuis près de deux mois. Il l’avait laissé tout ragaillardi, souriant aux teintes roses qu’il entrevoyait se dessiner vaguement dans l’horizon, ordinairement si noir, des rêves de son cœur.

Cette bonne impression avait persisté chez Fernand, et ce matin il se sentait vraiment mieux. En lisant son Courrier Champenois, il avait vu la note qui s’y trouvait insérée au sujet des belles espérances qu’on fondait là-bas sur la prochaine vendange. Il avait par la pensée fait le voyage au foyer paternel, s’était imaginé l’accueil qu’on lui faisait en le voyant guéri et capable de reprendre la direction de l’importante maison de son père. En quelques instants, son imagination lui avait fait parcourir l’étape qui le séparait encore de l’âge où l’homme cherche, autour de lui, l’être préféré à qui il demande de partager les joies et les peines de son existence.

— Oui, certes, quand le foyer serait triste, isolé, il faudrait y faire entrer quelqu’un capable de lui rendre la vie et l’animation.

Et, tout de suite, l’image de Raymonde s’était dressée devant lui. Certes, ce serait elle qu’il choisirait, elle qu’il avait déjà choisie et qui porterait un jour son nom. Et son imagination, cette folle, d’autant plus alerte chez lui que le mal avait davantage affaibli le corps, s’empara de ce joyeux mirage.

C’était à son travail qu’il fallait attribuer le rayonnement de cette figure qu’on était habitué de voir toujours morne et terne. Visiblement, Fernand approchait du jour de la guérison. Il n’y faudrait