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Fort heureusement, un jardinier l’a entendu pousser son cri de détresse quand il est tombé à l’eau et l’on a pu accourir aussitôt à son secours. Maintenant, tout est bien qui finit bien, et je me félicite presque de l’accident, en faveur de la leçon qu’il comporte pour ces gamins imprudents, et qui ne sera pas perdue, je l’espère.

— Bravo, monsieur le régisseur, dit M. Dubreuil, qui venait d’arriver avec Raymonde sur le lieu de l’accident. Vous savez allier à votre grande indulgence pour ces bambins la dose de sévérité nécessaire ; je vous félicite.

Le gamin venait de se relever, trempé comme un barbet, ruisselant de l’eau qui dégouttait de ses habits dans le sable. Il levait à peine les yeux et souhaitait évidemment être délivré de la présence de tout ce monde, dont la curiosité le fatiguait et l’empêchait de se sécher à son aise.

Raymonde, ayant deviné ce désir du naufragé, proposa de le laisser à l’aise sur la pelouse. M. Dubreuil accéda aussitôt à ce désir et l’on reprit le chemin du Casino, accompagné du docteur.

Comme on arrivait au rond-point de la petite piscine, on croisa Darcier qui se promenait seul dans la large bande d’ombre, projetée par le Kursaal sur le sable de l’allée, Fernand salua très gracieusement ; mais déjà Raymonde, le devançant, lui envoyait de loin un joyeux « Bonjour, monsieur Fernand ! » qui le fit demeurer immobile dans l’allée, cloué au sol.

Eh quoi ! en présence de son père, Mlle Dubreuil n’avait pas craint d’affirmer de cette éclatante façon sa sympathie pour lui, le pauvre malade délaissé ? Ce n’était donc point une jeune fille comme une autre, celle-là, pour qu’elle eût le courage d’affronter