Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 138 —

Mais que faire ?… Répondre à cet homme et lui dire nettement son fait ?… À quoi cela aboutirait-il ? Il y aurait de par le monde un pupille de plus à mettre au nombre de ceux qui ont écrit une lettre d’injures à leur tuteur : ce serait peu intéressant pour la statistique et absolument inutile pour les intérêts du jeune homme.

Donc, il valait mieux feindre de s’être conformé à l’avis de son homme d’affaires : celui-ci croirait qu’on avait absolument renoncé aux projets d’autrefois, et ainsi l’on aurait du moins écarté le danger de le voir se jeter quelque jour à la traverse avec d’absurdes prétentions. D’autre part, il fallait chercher un moyen d’avancer les choses du côté de Mlle Dubreuil et de son père, il fallait guetter l’occasion favorable de leur faire savoir quelles espérances l’on caressait dans le secret de son cœur.

Cette occasion, comment la faire naître ? Voilà, certes, qui ne serait pas aisé. Tout le monde était libre d’approcher M. Dubreuil, de cultiver les relations que fait naître la vie commune dans un hôtel de ville d’eaux ; mais encore était-il nécessaire pour cela d’être bien portant, de pouvoir aller et venir à volonté, accompagner le député à la promenade ou faire sa partie au Casino.

C’est précisément ce que Fernand ne pouvait faire encore. Donc, la première chose à laquelle il était indispensable de s’attacher, c’était à suivre rigoureusement, plus encore que par le passé s’il était possible, les prescriptions du traitement indiqué par le docteur. La guérison suivrait, le jeune homme en avait la secrète intuition. Et alors les promenades, complément certain du régime de la convalescence, ne pourraient manquer de fournir le prétexte d’un rapprochement.