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Darcier semblait fort ému ; il ne savait que dire et comment remercier ; cependant, comme il devenait indispensable de saluer la jeune fille, et qu’il était de ceux qui avaient horreur du banal, il laissa son admiration parler malgré lui.

— Je suis ravi de vous avoir rencontrée, mademoiselle, et d’avoir pu nouer connaissance avec vous. Voulez-vous me permettre de vous considérer comme une amie ?…

Sans répondre, elle lui tendit la main à l’anglaise, et ce geste fut charmant de grâce et de grandeur.

— Monsieur Darcier, je m’appelle Raymonde.

— Et moi Fernand, répondit le jeune homme.

— Alors, au revoir ! monsieur Fernand, et ne perdez pas courage, ne serait-ce que pour cet excellent docteur Petit, qui vous aime bien et pour qui votre découragement serait un grand chagrin.

Darcier, très troublé, ne trouva rien à répondre.

— Adieu, mademoiselle !

Raymonde en ce moment s’éloigna très vite, tandis que le jeune homme, blotti sur son banc, semblait suivre un rêve s’enfuyant dans l’ombre.

Pendant toute la soirée, Fernand Darcier songea à cette belle jeune fille qui lui était apparue, si douce, si charmante. Il se rappelait à peine qu’il était malade : dix ans de souffrances et de vie misérable lui laissaient au plus la place d’un souvenir. Déjà, il ne voyait plus qu’elle, ne se souvenant que de ses paroles, du timbre de sa voix et de son sourire.

Il était ravi de l’avoir rencontrée, d’avoir respiré un moment cette douce fleur de muguet tapie sous la mousse, et cependant, à cette pensée de