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est jolie, quels beaux yeux bleus, quels soyeux cheveux blonds. Oh ! elle est gentille, vraiment !…

Et la bonne femme se remit à couvrir l’enfant de caresses, tandis que son maître lui disait de faire tout ce qui serait nécessaire pour le garder en bonne santé jusqu’à ce qu’il eût pris une décision.

Rentré chez lui, M. Dubreuil se demanda ce qu’il allait faire. Il avait trouvé l’enfant sur le territoire de la commune dont il était le maire, c’était donc à lui qu’il appartenait de prendre une décision. Son parti fût bientôt pris.

— De deux choses l’une, se dit-il, c’est un enfant abandonné ou un enfant volé : dans le premier cas, je le garde, donnant tout ensemble de cette manière une famille au pauvre petit être et à Raymonde une compagne. Si c’est un enfant volé puis jeté là au hasard par le ravisseur obligé de s’en défaire, quelques annonces insérées dans les journaux les plus répandus de la province et de Paris auront bientôt remis ses parents sur sa trace : ils n’auront qu’à venir le reprendre chez moi. Dans tous les cas, par conséquent, cet enfant restera un certain temps à mon foyer et il faut en prendre soin.

Mais d’abord comment allons-nous l’appeler, car il faut lui donner un nom. Enfin nous verrons bien demain…

Raymonde avait alors huit ans accomplis. C’était une charmante fillette, alliant au robuste tempérament qu’elle avait hérité de son père une rare vivacité d’intelligence. Grande et bien prise dans sa taille, on lui eût donné douze ans pour le moins, ainsi que disait Rose, qui en était aussi fière que si c’eut été sa propre fille. C’est avec des transports de joie délirante qu’elle avait accueilli l’entrée