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même direction sud-sud-ouest, par des coteaux en pentes douces et des lagunes du paysage glaciaire. La roche qui constitue les cimes de ces collines est volcanique, et j’observe qu’elle a été striée en partie par le glacier disparu. Le reste du terrain est totalement recouvert par des sables et du gravier glaciaire, avec une grande quantité de roches erratiques. Il ne m’a pas été possible de me rendre un compte exact de la manière dont s’opère la division des eaux des affluents du Tecka, du Gennua et du Carrenleufu. Il n’y a pas là de croupe orographique bien définie ; les dépôts glaciaires et ceux de l’érosion postérieure ont obstrué les anciens canaux qui mettaient en communication les nombreux lacs de la région, et cela me fait l’impression d’un ancien fond de lac desséché avec des restes d’ilots.

Brusquement, nous trouvons à l’ouest la grande vallée du Carrenleufu, qui traverse la plaine en immenses zigzags, bordant parfois le versant morainique de l’est et du nord, et d’autres fois la base des plateaux qui précédent les montagnes de l’ouest. Il est facile d’observer deux lignes de niveau de l’ancien grand lac sur les deux plateaux qui dominent le beau fleuve. Je m’établis sur ses bords, car je désirais parler à M. Kastrupp, qui devait se trouver dans les environs, après avoir traversé depuis la colonie 16 de Octubre la moraine qui sépare les deux vallées.

La vallée du Carrenleufu est aussi belle et aussi fertile que celle du 16 de Octubre ; et sa richesse en alluvions aurifères est connue. Il ne faut que de l’énergie, de la prudence et de la constance pour la mettre en valeur et transformer cette région en un centre industrieux de premier ordre. Nous trouvons les bornes des diverses propriétés minières, mais le prospector n’est pas constant ; s’il n’obtient pas un résultat de loterie, il abandonne la tâche, et comme il paraît que les alluvions des environs du Carrenleufu ne peuvent donner un gros bénéfice que s’ils sont lavés sur une grande échelle, les mineurs les ont abandonnés aussitôt après les avoir découverts.

En passant et repassant quelquefois à la nage la rivière tortueuse et volumineuse, j’arrivai à surplomber, dans sa plus grande largeur, la vallée dans laquelle le fleuve descend de l’ouest, depuis la dépression où brillent les eaux du lac General Paz, pittoresque encoignure, siège assuré d’une ville future. Par la descendent de l’est deux rivières du haut plateau, et au sud on remarque le même plateau qui se détache des versants des chaînons dont les cimes sont recouvertes de larges taches de neige. Je remarquai des deux côtés du lac, le sur-