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suivant et perdit des provisions. Ils visitèrent le promontoire de San Pedro et aperçurent sept îles dans la grande baie du nord ; ils pénétrèrent dans la grande baie, et dans la description du voyage de cette journée je trouve indiquée la grande ouverture du Paso de Bariloche, aussi soupçonné par Cox, mais sans avoir pu l’explorer, et le 7 janvier, après avoir traversé le lac dans toute sa largueur, ils pénétrèrent dans le Limay.

L’enthousiasme des explorateurs ne pouvait être plus grand, mais les difficultés étaient insurmontables, et le vaillant Cox eut le malheur de perdre son canot dans les rapides du fleuve à quelques lieues de sa source, et se sauva à la nage avec ses compagnons. Trouvé par les indiens et plus ou moins bien traité, souffrant souvent de cruelles fatigues et exposé à de grands dangers, il obtint qu’on lui permit d’aller au Chili, et de retourner aux toldos, comptant sur la promesse que lui avait faite Inacayal de le conduire jusqu’à Patagones. Cette promesse ne fut jamais tenue à cause de la défiance de Shaihueque.

Grâce à son exploration du lac et à ses deux excursions depuis Ranco à Caleufu, Cox fit connaître d’une manière assez détaillée ces régions, si l’on tient compte du peu de ressources dont il disposait. Si son plan échoua, ce ne fut pas faute d’efforts et moi qui ai eu le privilège de visiter ces mêmes parages, je paie ici avec plaisir un tribut de respect à mon collègue chilien.

Lors même que le capitaine de la marine chilienne Vidal Gamaz n’a pas atteint le Nahuel-Huapi, son expédition mérite d’être citée pour le grand nombre de données qu’elle fournit sur la région voisine à l’occident des Andes. Dans le but d’étudier, en 1871, le golfe de Reloncavi et ses environs, les fleuves et passages andins, ce marin distingué visita la région comprise entre ce golfe et le lac Todos los Santos, en faisant un examen détaillé du petit lac Cayutué, situé en face de la grande ouverture au sud du Tronador qui renferme l’ancien chemin de Bariloche. C’est aussi mon opinion, et cette ouverture ou gorge doit correspondre à celle du lac Gutiérrez que j’ai étudié dans mon dernier voyage.

C’est à cinquante kilomètres de Nahuel-Huapi qu’a passé le capitaine Musters, le voyageur moderne qui a séjourné le plus de temps parmi les indigènes patagons, et nous a laissé un livre excellent sur les us et coutumes et la vie intime de l’indien, mais qui, malheureusement, ne voyageait pas dans des conditions qui lui permissent d’effectuer des observations géographiques sur les lacs andins.