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sud, et à recevoir la visite des indiens, dont la conversation roula principalement sur les mouvements — pour eux surnaturels — d’un vieux tronc de cyprès, à moitié flottant depuis un temps immémorial près du rivage du lac, lequel devait, d’après les naïfs indigènes, incarner quelque esprit malin qui « fait palpiter violemment le cœur », et dont il fut peu aisé de leur faire comprendre les mouvements giratoires mystérieux.

Dans la matinée du 29, je retournai en arrière pour atteindre le Rio Collon-Gura. Curuhuinca était déjà complètement rétabli de sa maladie, et sa bonne volonté nous était acquise pour que mes compagnons obtinssent facilement des guides (vaqueanos) et des aides. Bien que les indiens pénètrent peu dans les forêts, je ne pouvais compter sur d’autres éléments, et d’un autre côté, je savais, par les récits des vieillards qu’il a existé autrefois un sentier qui conduisait du lac Lacar au Nahuel-Huapi, traversant l’ouest du massif isolé de Chapelco et des volcans qui bordent de tufs le Limay de ce côté ; les aides de Curuhuinca pourraient chercher ce sentier qui faciliterait singulièrement les travaux que je préparais.

Depuis le campement du Manzanal, il n’est pas possible de se faire une idée exacte du lac Lacar, mais, toutes proportions gardées, l’aspect général offre une certaine ressemblance avec celui du lac des Quatre-Cantons (planche X).

Entre la surface morainique de la plaine au nord du Chapelco et les eaux du Lacar, on observe trois échelons bien marqués qui indiquent le changement de niveau du lac à une hauteur de 140 mètres. Je grimpai de nouveau sur cette moraine, et longeant la rive droite du fleuve Quilquihué qui reçoit un tributaire provenant de la montagne de Chapelco, je traversai la plaine pierreuse qui s’étend toujours à l’extrémité des ondulations glaciaires.

Depuis la confluence du Quilquihué et du Chimehuin (690 métres), le chemin continue à l’orient par la vallée moderne, et après avoir dépassé la montagne volcanique du Perro qui surplombe à l’angle nord-est ce point de jonction, on pénètre complètement dans la région caractéristique des plateaux patagoniques formés par des grès et des détritus volcaniques en couches horizontales de coloration agréable à la vue, qui égaient le paysage monotone.

M. Fischer dit que « la vallée du Chimehuin est limitée à l’orient par un chaînon de hauteur considérable couronné par la coupole caractéristique du Cerro del Perro », et ajoute que « ce chaînon qui se détache de la Cordillère au nord du Huechu-