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que celui-là. Les noires laves d’Antofagasta de la Sierra, sur la haute Puna d’Atacama, avec ses cônes noircis, striés de rouge et de jaune n’impressionnent pas autant ; et le Payen, bien qu’il n’atteigne pas une élévation semblable à celles des géants de la Puna, impose davantage par l’aspect terrible de désolation de ce paysage, impression qui va en augmentant quand on passe des champs ensemencés de la large vallée aux sables et aux laves abruptes, en apparence de fraîche date. Je désirais beaucoup m’arrêter, pénétrer dans ces labyrinthes de scories couvertes d’écume noire, et arriver jusqu’aux cratères qui nous attiraient par leurs mystérieux ravinements noirs et rougeâtres jusqu’à se perdre dans la brume azurée, mais le temps nous manquait, et nous passâmes tout le jour à escalader ces scories jusqu’à rencontrer le fameux pont du fleuve, unique passage pour le moment.

Le fleuve qui, parfois, a plus de cent mètres de large, s’encaisse soudain dans une profonde crevasse de la lave jusqu’à n’avoir en quelques endroits que six mètres, et là on a jeté un pont étroit et sans balustrade, qui, bien qu’il n’offre pas de danger pour ceux qui n’ont pas le vertige, n’est pas agréable à passer quand on voit, à dix mètres sous ses pieds, le roulement écumeux des eaux sur les rochers obscurs et les cavités des côtés à pic (planche II).

Le campement fut établi, cette nuit-là, au pied d’un cratère noir et rouge, beau et triste (1170 m.), situé au pied du chaînon sédimentaire longitudinal. Il est digne de noter que ces volcans modernes, quand ils se présentent près des cordons, surgissent à leur pied comme s’ils eussent profité des points faibles des plissures que formèrent les chaînons.

Depuis le campement, nous vîmes la ligne des volcans modernes de l’orient, parallèle aux cordons montagneux de l’occident, et se détachant au nord une grande colline d’un sommet plus large que le Payen, qui paraît appartenir à un type différent de celui-ci, et faire partie d’une chaîne qui se prolonge au nord. Outre l’énorme Payen, on voit plus près une autre colline plus petite, qui est sans doute celle qui a déversé les laves qui formèrent la grande scorie voisine. La coupure dans la lave est pareille à celle de l’Atuel à Pituil, à travers les montagnes du Nevado et de la Pintada ; mais celle-là s’est faite en des roches de porphyre, tandis que celle-ci traverse des scories modernes.

Depuis le pont, le chemin escalade un versant escarpé de roches sédimentaires qui appartiennent, ce me semble, à la for-