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qui vient du nord-ouest. De ce point nous avons au nord le mont Loncoche, près du défilé de ce nom, et le mont Lavatre au nord-est. On descend au sud par une gorge entre de hautes collines qui paraissent être les contreforts de la chaîne latérale de Calqueque à l’ouest, ayant à l’orient le mont Butalo.

La Vega de Comalleu forme une belle tache au milieu de ce triste paysage dans lequel les couches crétacées sont recouvertes par des roches basaltiques noirâtres, et celles-ci à leur tour par des détritus glaciaires qui forment des moraines très caractéristiques en arrivant à la vallée du Rio Grande. La vue de ce fleuve, où descend le chemin, est belle. Le fleuve divisé en divers bras présente un large lit, et les vertes prairies s’étendent jusqu’aux flancs des montagnes ; on voit d’ici que le Rio Grande a coupé la chaine latérale de Calqueque dont la formation sédimentaire s’observe dans les blocs roulés fossilifères que l’on remarque dans les moraines.

Le fleuve roulait trop d’eau, et comme en ce moment il n’était pas guéable, nous dûmes le côtoyer dans son cours général, campant sur ses rives où nous fûmes victimes des moustiques des jejenes et des taons qui donnent à cette région une renommée méritée. À l’occident, nous avions un chaînon assez élevé qui précède les véritables Andes et d’où descendent quelques ruisseaux ; à l’est les côteaux sont bas, couverts de cailloux roulés, et généralement constitués par des roches néovolcaniques qui reposent sur des sables et des conglomérats en position horizontale, couches beaucoup plus modernes que celles qui forment le cordon cité. Mais à l’est s’élèvent des monts isolés, volcaniques, assez élevés.

La vallée est large pendant quelques vingt-cinq kilomètres jusqu’au sud-sud-est qui est sa direction générale ; à cette hauteur elle se resserre à cause des masses de scories noires qui descendent des cratères que l’on voit en ligne longitudinale à l’orient, et que domine, un peu plus à l’est, le colossal volcan moderne, le Payen, de réputation légendaire pour ses richesses minérales, mais que personne n’a vues en ces dernières années.

Paysage horriblement triste. Les laves noires, se détachant dans leurs contorsions comme une gigantesque débâcle de glaçons noirs sur les sables blancs et brillants des dunes, sables qui résultent de la décomposition des tufs de ces mêmes volcans, s’étendent en pente douce depuis les cratères noirâtres, rougeâtres qui ouvrirent leurs flancs pour laisser couler ces torrents incandescents. Je n’ai pas vu dans toute la République un paysage d’un caractère plus accentué de volcanisme moderne