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vapeur sera toujours périlleux à cause de ces bancs. Ce bois flottant devrait être embarqué à la tête de ligne du chemin de fer située à la confluence ou à Carmen de Patagones ; et j’ai déjà signalé les difficultés que présente la barre du Rio Negro pour les navires de quelque calaison. Le transport par le chemin de fer à San Antonio sera toujours le mode le plus économique. La coupe pourrait être commencée immédiatement dans les îles du lac dont les cyprès donneront des milliers de poteaux de télégraphes, tandis que les coihuales de ces mêmes îles fourniront les dormants pour la ligne. Les forêts sont très vastes, et il n’est pas à craindre que le bois s’y épuise.

4° De Cumallo se détacherait un embranchement sur Valdivia, en traversant le Limay par un des endroits où son cours se trouve resserré, au sud de Collon-Cura ; il arriverait à Junin de los Andes par les rives du Collon-Cura, jusqu’à l’arroyo Quemquemtreu, puis par les gorges du plateau, jusqu’à la vallée du Chimehuin. Cet embranchement desservirait toute la fertile région du sud du Territoire du Neuquen dont les vallées spacieuses pourront être destinées à l’agriculture, des canaux d’irrigation pouvant y être facilement établis. Ainsi le bassin du Caleufu jusqu’aux lacs de Metiquina et Filohuehuen, et le bassin du Traful, la belle campagne de Junin et la vallée de Maipu se peupleraient immédiatement, et leurs produits abondants fourniraient au chemin de fer des transports assurés. Aujourd’hui, sans moyens de communication, il s’est formé un centre de commerce important à Junin de los Andes, et, à mon passage, j’y ai rencontré des commerçants de Valdivia qui commençaient déjà l’installation d’une distillerie. Toutes ces étendues de terrain se prêtent parfaitement à l’élevage du bétail d’espèces bovine et ovine.

Cet embranchement continuerait de Junin au Chili, sur les rives du lac Huechu-Lafquen, ou par le Malleco, par Trancura, Quetropillan et Villarica, s’embranchant sur la ligne longitudinale de Santiago à Valdivia, dans les environs de Villarica ; il mettrait ainsi, durant toute l’année, le sud du Chili en communication avec l’Atlantique.

Entre Valdivia et San Antonio, la distance est moins grande qu’entre Valdivia et Santiago du Chili. Ce chemin de fer n’exigera pas de travaux considérables, ni de tunnels importants, car l’altilude du passage le plus élevé ne dépasse pas mille mètres. Il servirait de plus, du côté argentin, à transporter à l’Atlantique les produits de tout le versant depuis le Bio-Bio jusqu’au Maiten. Le prix de transport sera moindre pour les