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l’ouest, il traversera de meilleurs terrains, avant d’arriver à Maquinchau où s’est établie la Compagnie anglaise des terres du Sud. Au sud de cette exploitation, il existe des champs fertiles, dans les vallées et les cañadones d’un massif de montagnes situé en cet endroit. Comme il y a une voie traficable jusqu’au Chubut, le transport des produits jusqu’à la ligne serait facile.

De Maquinchau au Nahuel-Huapi, les terrains sont meilleurs qu’à l’orient et dans les gorges et les cañadones ; on peut installer des établissements destinés à l’élevage, en y réservant pendant l’été les fourrages, tandis que les troupeaux iraient paître sur les collines presque toujours herbeuses. Au Nahuel-Huapi, les terrains se divisent en forêts et prairies ; les animaux appartenant aux espèces ovine, bovine et chevaline s’y développent bien ; on y trouve déjà quelques estancias. L’aire utilisable pour l’élevage de l’espèce bovine est plus considérable que celle destinée aux espèces ovine et chevaline. Les troupeaux peuvent vivre en tout temps dans ces régions, depuis Junin au sud. À l’extrémité ouest du Nahuel-Huapi, il y a déjà un établissement avec cinq cents bêtes à cornes (Potrero Huber), et on y cultive le blé, l’orge, les pommes de terre, les oignons, les fèves, etc. Les montagnes y forment un grand nombre de belles vallées, où le bétail prospère admirablement, surtout au sud du Nahuel-Huapi, dans les vallées arrosées par les affluents du rio Puelo. Dans l’une de celles-ci s’élèvent des estancias avec deux mille têtes bovines amenées là par des éleveurs de Valdivia.

Les environs de Nahuel-Huapi se prêtent admirablement à l’établissement de colonies agricoles et d’élevage, et ils sont déjà habités par quelques colons allemands qui ont émigré de la province de Valdivia pour s’établir au bord du lac argentin.

En passant par les colonies du lac Llanquihué, j’ai été consulté par un grand nombre de colons qui désiraient obtenir des terres dans ces régions à l’orient des Andes pour s’y transporter avec leurs familles. Les produits du Nahuel-Huapi causent de l’admiration dans ces colonies, et leurs habitants qui ont visité le lac ne cessent de se lamenter de ne savoir comment faire pour s’y établir. Les travaux de ces colons dans le sud du Chili sont pénibles et coûteux, le résultat presque nul : j’ai conversé avec quelques-uns d’entre eux ayant vécu quarante années dans ces parages sans parvenir à progresser, malgré le labeur continu. Chacun d’eux avait droit à cent cuadras carrées de terrain ; mais le coût du défrichement, sans compter l’abattage et l’extraction des troncs, est de cent piastres la cuadra ; les concessions actuelles sont de cinquante cuadras. Les chacras