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ristique avec deux pics. Ce lac paraissait avoir en cet endroit un bras dirigé vers le sud.

La vallée entre le cerro Valverde et la Cordillère de l’ouest est assez large, mais couverte de bois épais ; elle s’ouvre à l’ouest et il est probable qu’on puisse arriver par elle au Nahuel-Huapi. Dix kilomètres plus au nord, Frey découvrit les vestiges d’une localité indigène, connue sous le nom de Corral de Foyel, où le cacique réalisait autrefois ses fameuses chasses aux exemplaires de l’espéce bovine dénommés baguales. Il revint ensuite à son campement général d’où il se rendit au gué de Maiten, au nord du Piltriquitron, par le cours d’eau qui descend de la montagne de l’est. Ses sources sont situées quelque peu au nord dans le versant oriental de la même montagne. Il alla reconnaître ensuite l’origine du rio Chubut à soixante kilomètres de l’estancia Maiten.

Du haut d’une élévation, il vit que ce fleuve est formé de deux cours d’eau qui descendent de la montagne, en recueillant l’apport liquide de divers tributaires, parmi lesquels un de l’ouest qui parcourt toute la pampa de Maiten, et naît dans les montagnes au nord de l’estancia. Il visita au sud la pampa, en passant par le promontoire de Caquel-Huincul, et revenant à l’estancia Lelej, il traversa des affluents occidentaux du Chubut jusqu’au cerro Urahué à Fofocahuallo, où le fleuve tourne au sud et reçoit le Pichileufu et le Mayuleufu. Il suivit au nord jusqu’au lac Nahuel-Huapi par le chemin occidental le plus court. De là, il se dirigea lentement à Machinchau et à Roca où il arriva le 10 juin.

Considérant nécessaire ma présence à Buenos Aires, et satisfait de la manière dont s’effectuaient les reconnaissances que j’avais confiées à mes infatigables collaborateurs, je résolus de m’embarquer sur le lac dans la barque de MM. Wiederholtz pour me diriger à Puerto Montt et de là à Buenos Aires.

Le 17, à l’aube, nous commençâmes notre navigation qui ne prit fin qu’à Puerto Blest, où nous n’arrivâmes qu’à 10 heures du soir, heures sereines inoubliables, de même que le spectacle des grandes échancrures boisées, des îles pittoresques et du fjörd imposant aux parois granitiques presqu’à pic de mille mètres de haut, à l’extrémité duquel est situé ce port qui, dans un avenir prochain, sera mis à contribution par le commerce qui utilisera la nouvelle voie de communication entre Puerto Montt et Puerto San Antonio, et sera fréquenté par les touristes qui jouiront des panoramas merveilleux et variés de