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l’embarcation au travers du bois et des ravins escarpes. Waag décida le retour à la colonie de la vallée 16 de Octubre, des qu’il se convainquit que ce fleuve n’était pas navigable. Il croit possible et peu coûteux l’établissement d’un chemin commode au Palena inférieur ; il serait facile de construire un pont sur le second endroit resserré du fleuve. Waag et son compagnon laissèrent le canot bien à l’abri, ainsi que les instruments et les provisions pour une future expédition ; ils commencèrent le retour à pied, en portant les instruments, et en gravissant les montagnes de l’est ; mais, le jour suivant, ils durent retourner chercher leur embarcation, car il n’était pas possible de continuer la marche sur les sommets.

Le 11, après beaucoup des peines, ils arrivèrent à un point où il n’était pas nécessaire de traverser de nouveau le fleuve. Ils laissèrent là le bateau, et, le soir, ils arrivèrent à l’établissement du colon J. Rus. Waag dit qu’après avoir dépassé de cinq kilomètres le coude décrit par le fleuve, jusqu’à la Cascade, on ne trouve pas de terrains cultivables, sauf des zones très peu étendues. La vallée est resserrée et les versants des montagnes, surtout dans la partie sud du fleuve, sont très inclinés et couverts de bois. Un conifère qui y abonde peut fournir d’excellents bois de construction. La faune est très pauvre ; il n’a vu que deux huemules (Cervus chilensis) et un huillin (Lutra chilensis), Dans le fleuve, les truites atteignent une longueur de trente centimètres.

Les journées du 12 et du 13 se passèrent ç arranger les charges. Waag s’occupa à réparer le théodolite qui s’était dérangé au cours de la pénible excursion sur le fleuve. Le 14, il commença la marche dans le Valle Frio, s’établissant vers le soir près d’un bras de l’arroyo Chileno qui descend du sud-ouest. Il avait employé beaucoup de temps à traverser le bois. Le 17, après trois jours de marche très pénible dans les bois et les collines glaciaires escarpées, il se retrouva dans le Valle Frio. Les terrains traversés ne sont pas homogènes ; dans les cinq premiers kilomètres, ils ne peuvent être meilleurs pour le pâturage, et l’agriculture doit y prospérer admirablement, si l’on excepte la culture de la pomme de terre qui souffre des gelées. Sur les versants, l’herbe est abondante ; mais, dans le bois incendié, elle ne repousse pas. Tout le coteau morainique est couvert de buissons touffus. Ces moraines atteignent une hauteur de 800 mètres au-dessus de la mer en face du cerro Conico et de l’arroyo Frio ; ce dernier, au point où les explorateurs établirent leur campement, coule à 690 mètres au-dessus du