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cet endroit, il descendrait au sud jusqu’à la Colonie du Palena, de laquelle il se déciderait, suivant le temps disponible, à remonter le fleuve ou à se diriger à Puerto Montt. S’il réussissait à se réunir avec sa station sur le Carrenleufu ou Alto Palena, il étudierait la zone limitée au sud par ce fleuve ; à l’est, par le rio Encuentro, Cordon de las Tobas, confluence des rios Corintos et Fta-Leufu ; au nord, par le parallèle qui passe par cette jonction ; et à l’ouest, il parviendrait aussi loin que possible, jusqu’à ce que le mauvais temps l’obligeât à retourner à la Colonie 16 de Octubre.

Ces instructions étaient sujettes à des modifications suivant les difficultés d’une exploration dans des régions en grande partie complétement inconnues ; elles furent exécutées de la manière suivante :

La station météorologique fut établie avec des instruments fournis par l’Observatoire national de Cordoba, lesquels arrivèrent à 16 de Octubre en parfait état, et les observations furent confiées à Mr. J. G. Pritchard, maître d’école de la colonie, qui continue à les publier, prêtant ainsi un inappréciable service, étant donnée la situation de ce point si rapproché des Andes patagoniques. Les travaux d’exploration commencèrent le 1er  mars au point indiqué (planche XXVII).

Malheureusement, le canot amené de Chubut avait été détérioré, et son usage devint bientôt incommode et même périlleux.

Le 4, après avoir déterminé la position géographique du point de départ, Waag entreprit la navigation du Fta-Leufu, accompagné d’un seul homme. Le fleuve se dirige à l’ouest durant une vingtaine de kilomètres ; son courant est d’abord peu prononcé jusqu’à ce qu’il pénètre dans un étroit passage ou sa force augmente et où le vent contraire soulevait de telles vagues qu’il devint nécessaire de traîner le canot le long de la rive. Ce défilé dépassé, ils reprirent la navigation interrompue, mais le courant ne diminuait pas et de grands bruits annonçaient des rapides voisins ; cependant, une reconnaissance par terre démontra qu’il n’y avait pas de rapides à l’ouest, et que le bruit provenait du choc des eaux contre les rochers du rivage. Le volume des eaux s’était réduit au tiers de celui qui avait été observé au départ, telle était la violence du courant. Parfois les explorateurs parvenaient à maintenir leur embarcation au milieu du fleuve, tandis que d’autres fois ils étaient contraints de la trainer sur ses rives.

Le 6, Waag rencontra une cascade de trois mètres de hauteur qu’il évita en traînant le bateau sur la rive ; le cours d’eau