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Les voyageurs continuèrent leur route vers le sud parmi les roseaux et les bois épais de la plaine située à l’est du fleuve ; ils traversèrent deux rivières qui paraissent être les bras d’un fleuve descendant de l’est. Au sud et à l’est, s’élève un pic élevé et abrupt dont Lange fit l’ascension ; par suite du manque de vivres, perdus en grande partie dans les accidents de la marche, il avait abandonné son projet de suivre la rive du fleuve jusqu’à la vallée 16 de Octubre. Le panorama de la cime du pic était splendide ; de là, il put établir une station de boussole et prendre un croquis détaillé. Au sud et à l’ouest, il vit deux superbes lacs ; l’un d’eux a une direction générale de l’ouest-nord-ouest au sud-sud-est ; et au couchant, au pied des glaciers de la Cordillère, il se divise en deux bras, dont le moins étendu est celui du sud ; entre ces deux bras s’élève une île boisée. On a donné au plus petit lac le nom de Laguna Chica, et au plus grand celui de lac Menendez, en honneur du prêtre explorateur auquel doit tant la géographie patagonique.

Le Fta-Leufu alimente la Laguna Chica, et reçoit le fleuve qui naît dans le lac Menendez. Au sud et à l’ouest, se présente une série de pics neigeux.

Le 28, Lange descendit du pic par le versant occidental, dominant le rio Fta-Leufu qui va se jeter dans le lac Fta-Lafquen, mais il ne put reconnaître lequel de ces deux fleuves est le plus volumineux ; dans le fond ouest du lac Menendez, il distingua des glaciers. Les explorateurs remontèrent en suivant l’arête du pic, marche que les charges qu’ils portaient rendaient périlleuse, et dont les fatigues étaient augmentées par l’exténuation produite par le manque d’aliments réparateurs. De cette crête, il vit au nord et à l’est les vallées et les gorges formant avec leurs rivières le fleuve qui se jette dans le Fta-Leufu ; à l’est du lac Rivadavia et plus ou moins en face de l’ouverture aperçue depuis le Peladito, il aperçut une petite lagune.

Le jour suivant, du fond de la vallée où ils s’étaient établis pour la nuit, ils firent l’ascension d’un col qu’ils avaient aperçu depuis le Terraplen ; ils suivirent ensuite le cours d’une petite rivière, et, après beaucoup de fatigues, ils arrivèrent de nuit sur la rive du lac Fta-Lafquen ; Lange y observa que la ligne de crûe maximum se trouvait à cinq mètres au-dessus du niveau actuel des eaux.

Le 1er avril, il arriva au Commissariat de la Colonie, et, le 4, il retourna au Fta-Leufu pour y continuer ses travaux depuis l’angle sud-ouest de la vallée. Le 6, il traversa le fleuve