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les fougères, ainsi que par la présence de huemules curieux. Après avoir fait les observations nécessaires, Lange descendit, le 11, vers la large vallée de Cholila où il n’arriva que le lendemain, en profitant des sentiers tracés par les troupeaux sauvages.

Dans les rapports détaillés de la Section topographique qui se publieront plus tard, le lecteur trouvera tous les détails que donne Lange sur la physionomie d’une région aussi intéressante. Dans ces notes qui sont extraites de son rapport, je dois me contenter de dire qu’il étudia le terrain compris entre la lagune qui reçoit le tribut des eaux provenant des monts de l’ouest appartenant à la chaîne de Lelej ; et qu’il suivit au nord-nord-ouest par la spacieuse vallée formée par une autre rivière descendant dans cette direction, et dominant à l’est la moraine ; à l’ouest, un coteau peu élevé suit la direction du nord au sud et sépare la première lagune d’une autre plus étendue.

Le 13, il atteignit la cote (780 m.) qui sépare les eaux de Cholila de celles de la vallée d’Epuyen, au point appelé Cabeza de Epuyen, et qui, de temps en temps, est habité par quelques indiens. Il y rencontra un des hommes qui accompagnaient Rufin Vera, et il établit un campement pour alléger le bagage qu’il emportait dans sa marche à pied.

Devant lui s’étendait la plaine glaciaire depuis le rio Maiten à l’ouest, point très important pour l’étude de la division des eaux continentales ; là, les cours d’eau qui forment la rivière Epuyen surgissent de petites inflexions de l’ancienne moraine, tout près du bord ouest du rio Maiten, et très probablement il arrivera un jour où l’érosion minera la séparation glaciaire actuelle qui existe entre les deux cours ; le Maiten versera alors ses eaux dans l’Océan Pacifique et ce fait transportera le divortium aquorum interocéanique quelques dizaines de kilomètres à l’est de la Cordillère des Andes ; car, très loin au couchant, derrière les monts situés au nord et à l’ouest de l’Epuyen, on distingue ses cimes neigeuses. Ces terrains doivent être étudiés avec soin, car ils pourront servir à l’élevage, mais il est douteux que l’agriculture y offre des chances de succès, parce que les moraines doivent être froides, ouvertes qu’elles sont à l’ouest.

Le 16, Lange revint de Cabeza de Epuyen au sud ouest, traversant une vaste plaine qui divise les systèmes hydrographiques d’Epuyen et de Cholila, et parvint à la seconde lagune, sans dénomination encore, se déversant par un ruisseau, qui se trouvait alors desséché, dans la rivière du Cañadon Largo, affluent septentrional du Fta-Leufu, ainsi qu’il a été