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d’un beau et vaste lac, entouré de collines basses à l’est et au nord, et plus élevées à l’ouest et au sud. De l’angle sud-ouest se détache un étroit canal, qui constitue probablement la continuation du lac ; ce dernier ne peut être que celui qui, selon les indigènes, se trouve à l’intérieur des montagnes et dans lequel se jette le Fta-Leufu qui en ressort après l’avoir traversa. Ce lac est le Fta-Lafquen. Il est à regretter que les moustiques, qui y abondent, empêchent de jouir de ces beaux paysages.

De retour au rio Perzey, le 5, Lange décida d’alléger ses bagages ; dans ce but, il envoya Rufin Vera, indien araucan que j’ai connu comme interprète d’Inacayal, en 1880, et qui est au service du Musée depuis plusieurs années, avec la troupe par le chemin d’Esguel et Lelej, pour qu’il l’attendit dans la station indigène de Cholila. Cela fait, le 8, il se dirigea au nord par la vallée du rio Perzey. Il observa un certain parallélisme dans la formation des collines qui bordent le fleuve ; la roche vive se compose en partie de grès et de conglomérats. Toute la forêt de la région de l’ouest avait été incendiée les années précédentes et les troncs blanchâtres attristent le paysage.

Le 9 et le 10, il continua la marche dans la même vallée. Le chemin était difficile. Sur les coteaux, la forêt formée de grands arbres n’oppose pas d’obstacle au passage des montures ; mais sur les versants, les buissons de ñires rendent parfois ce passage impossible, et il faut se frayer un chemin à l’aide du machete et de la hache. Des coteaux de l’ouest descendent des rivières qui se joignent au rio Perzey, tandis que les gorges de l’est, dependantes des monts d’Esguel, sont sans eau. Du haut du coteau, auquel les aides donnèrent le nom de Peladito (1340 m.), on jouit d’un panorama superbe. Cette élévation est située sur le versant occidental des monts d’Esguel, au milieu des premières déclivités appartenant au système du rio Perzey. De là, on domine à l’est les monts d’Esguel, d’une élévation peu considérable, la continuation de la chaîne du cerro Situacion au couchant, et plus à l’ouest, derrière ce chaînon, les pies neigeux de la Cordillère des Andes proprement dite, avec ses immenses glaciers ; cette région figure dans la carte de Steffen et Fischer sous le nom de « Chaînes boisées » ; au sud la vallée du Perzey, et tout près, du nord-est à l’ouest, les chutes de la large et caractéristique dépression de Cholila, aussi fertile et aussi belle que la dépression opposée du Perzey. La marche est commode et agréable à l’ombre de la forêt et sur l’herbe d’un vert d’émeraude qui recouvre le sol ; la monotonie de l’ombre est coupée par les plantes grimpantes et