Page:Moreno - Reconnaissance de la région andine, 1897.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 116 —

Il est très probable que le rio Huemules, exploré par les marins chiliens, n’a pas ses sources à l’orient des hauts chaînons des Andes, et que celles-ci sont formées principalement par le grand glacier qui a été vu de loin ; et il ne serait pas impossible non plus que l’Aysen reçoive un tribut du même glacier.

Le 24, il traversa le plateau qui sépare la large et profonde vallée du lac Buenos Aires, plus à l’ouest que je ne l’avais fait ; il reconnut la baie fermée ou darse naturelle dont l’entrée est très étroite, mais il ne put aller plus loin, car sa marche fut arrêtée par le rio Ibañez, nom d’un mineur du Chubut qui avait été là l’année antérieure. Ce fleuve est très volumineux, et est alimenté par les glaciers voisins du nord ; sa largeur, à son embouchure dans le lac, est d’environ cent mètres. Le lac Buenos Aires avance à l’ouest-sud-ouest à une grande distance, mais il ne réussit pas non plus à apercevoir son extrémité, son débouché, par conséquent. Ayant rétrocédé, Arneberg parcourut le cours du Fénix jusqu’à son embouchure dans le lac, et après un rapide nivellement, il put se convaincre qu’en effet le fleuve a toujours coulé, dans les temps modernes, à l’orient.

Je donnai également mes instructions pour que Koslowsky étudiât les monts situés au nord du Senguerr, après avoir recueilli le précieux aérolithe, et pour qu’il examinât, aussitôt après le retour d’Arneberg, et en compagnie de ce dernier, le cours de ce fleuve jusqu’aux lacs Colhué et Musters. De là Arneberg devait se diriger vers l’Atlantique à la recherche d’un chemin par lequel on put établir une communication rapide et peu coûteuse entre Tilly Road, dans le golfe de San Jorge, et les fertiles régions andines ; cela fait, ils devaient s’embarquer à Chubut pour Buenos Aires. Ces instructions furent accomplies d’une manière satisfaisante. Les résultats m’autorisent à conseiller la création, dans la vaste vallée qui s’étend au sud de ces lacs, de colonies par lesquelles on commencerait la fondation méthodique et sûre des colonies des vallées transversales voisines des Andes.

Si l’on procédait avec prudence à cette colonisation, je ne doute pas qu’elle deviendrait un fait accompli à bref délai, et qu’en peu d’années, la Nation compterait une nouvelle et riche province de plus, surtout quand un chemin de fer mettrait en communication les fertiles régions andines avec l’Atlantique par Tilly Road ou un autre point du golfe San Jorge.

Le 6 avril, je continuai ma marche au nord, m’établissant dans l’après-midi sur la rive de l’arroyo Appeleg ; le trajet se