Page:Moreno - Reconnaissance de la région andine, 1897.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 99 —

vallée, dans un beau cañadon, au bord d’un torrent bruyant qui descend du plateau du sud. La pampa du Senguerr commence à quelques quinze kilomètres à l’est.

Le 27, de bon matin, je me dirige vers le lac. Toute la vallée du Senguerr et ses coteaux voisins sont recouverts par les débris glaciaires et ces derniers par une herbe exubérante. L’aspect du lac, en cette belle matinée, est enchanteur : les capricieuses indentations de la côte, la presqu’île étroite qui se projette, avec ses promontoires tapissés de vert-foncé, sur les eaux azurées, laissent une impression durable. Ce spectacle m’a rappelé des reproductions coloriées des lacs alpins italiens (planche VII, fig. 2).

Sur la rive, je trouvais le char des expéditionnaires et un bateau détruit, ce qui m’indiqua qu’ils avaient pénétré à l’ouest. Après avoir exécuté le signal convenu, nous aperçûmes bientôt les fumées qui nous répondaient sur la côte lointaine, et peu après se présenta un des hommes laissés là par Arneberg pour m’attendre. Quinze jours s’étaient écoulés depuis qu’Arneberg et Koslowsky s’étaient engagés à l’intérieur, sur un bateau abandonné par les mineurs, et il était probable qu’ils avaient atteint l’extrémité du lac La Plata, suivant les instructions que je leur avais données. Ces lacs occupent une profonde fissure transversale de la Cordillère, et leurs rives occidentales doivent être très rapprochées de l’Océan Pacifique.

Satisfait de ce que j’avais vu et entendu, et après avoir amplifié mes instructions, je revins, sans perdre de temps, à mon campement pour continuer la marche. Les grès prédominent dans les plateaux, et s’étendent, paraît-il, jusqu’à l’ouest, au pied des monts neigeux. Une protubérance porphyrique perfore les grès sans altérer leur position, et il est probable que ce n’est que l’érosion qui a donné le relief ondulé actuel à ces roches.