Page:Moreno - Reconnaissance de la région andine, 1897.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 98 —

Aux environs, j’observai beaucoup de galets porphyriques. Les grès et les quartzites ne sont pas plissés ; ils se présentent en couches horizontales à peine soulevées vers l’est. Les quartzites et les schistes sont au-dessous des grès à gros grain, et le tout est croisé par des filons de porphyres argileux qui vont de l’est à l’ouest. Les bois fossiles qui y abondent proviennent des grès. Vers le sommet du col prend sa source une rivière pittoresque qui court au sud, et qui traverse des roches volcaniques et sablonneuses, plissées, presque verticales, recouvertes de laves et de collines ondulées où pullulent les autruches. C’est une des régions favorites des indigènes pour leurs chasses à cause de la résistance du sol. La vallée de l’arroyo del Gato, qui reçoit les eaux du centre du massif, sera assurément un jour le siège d’une colonie prospère si le Gouvernement de la Nation prend des mesures dans ce but. Il y a là de grandes zones de pâturages, de nombreuses vallées abritées, et au Musée nous possédons des exemplaires de minerais de plomb, d’argent et de fer, ainsi que des alluvions aurifères, échantillons des richesses qu’elles renferment. L’arroyo del Gato nait à l’ouest-nord-ouest d’un petit lac situé à l’intérieur des montagnes, au milieu de grès traversés par des andésites. Les galets de granit sont rares. Au lieu de suivre la rivière jusqu’au Senguerr, nous gravissons la montagne par une gorge herbeuse où l’humus se change en tourbe élastique. Tout au sommet, parmi les grès horizontaux, nous trouvons une lagune pittoresque au milieu des moraines d’un glacier disparu, près du point qui domine la vallée du Senguerr, et d’où nous distinguons le lac Fontana, et les cimes neigeuses qui limitent à l’ouest la dépression dont il occupe une des extrémités.

La moraine latérale de la vallée du Senguerr, où nous descendons, a environ cent cinquante mètres au-dessus du fleuve, et les blocs granitiques témoignent de la roche prédominante de la Cordillère neigeuse. Les pâturages sont excellents pour l’élevage. Nous traversons facilement le Senguerr dont le petit volume me surprend ; j’en conclus au peu d’importance des cours d’eau tributaires du lac — ou plutôt des lacs, car les employés du Musée Steinfeld et Botello, qui parvinrent jusqu’à ses rives en 1888, découvrirent à l’ouest un autre lac en apparence plus étendu, s’unissant au lac Fontana par un large canal et auquel fut donné le nom de Lac La Plata. Le fleuve mesure à peine trente mètres de large à cet endroit, et ce jour-là sa profondeur ne dépassait pas soixante-dix centimètres. Nous campons au milieu des collines glaciaires, à quelques kilomètres au sud de la