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commence à croire que vous ne connaissez pas grand’chose de cette affaire ; on ne vous a rien dit. Quant à moi, j’ai vu le commencement de la lettre, et c’est tout.

Ce qui faisait bonne la position de P’tit-homme, c’est que la veille, pendant que l’évêque lisait sa bible, Dolbret avait vu, sur une page de manuscrit reliée avec le petit volume, le mot « Prétoria », et qu’il avait confié cette découverte à son auxiliaire en lui recommandant d’en tirer le meilleur parti possible. Comme on le voit, P’tit-homme faisait de son mieux. Ses dernières paroles firent sourire l’Italien, qui lui dit :

— Je vous parie un louis que vous n’avez rien vu.

— Ça y est, Frascani.

— Attendons un peu.

— Je suis prêt à gager un louis, le voici.

— Non, attendons un peu. Tiens, je vous mets à l’épreuve.

— Bien.

— Puisque vous dites avoir vu le commencement de la lettre, dites m’en la date.

— Prétoria, 10 mai 97 !

— Frascani pâlit. À venir jusque-là, il n’avait pas cru une seconde aux paroles de José, même il n’avait pas cru qu’il fût intéressé à pénétrer son secret. Il pensait qu’il essayait de le faire parler seulement pour tuer le temps, par désœuvrement, et il s’était amusé à jouer avec lui, à lui faire entrevoir quelque chose, à le mettre sur la trace, puis à l’écarter, à le désorienter, aussitôt qu’il le voyait prêt à saisir un fait important. Mais José avait habilement profité du moindre geste, de la