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nécessairement échoir à Dolbret ; ce dernier aurait bien ri si le soldat José lui eût fait part de ses espérances.

Un matin José descendit à la cabine de Frascani. Il avait un plan.

— Bonjour, mon rieur Frascani.

— Bonjour, monsieur José, rien de nouveau aujourd’hui ?

— Oui, du nouveau.

— Dites-nous ça.

— Je veux bien vous dire tout, mais auparavant, mon cher monsieur Frascani, faites-moi le plaisir de fermer votre porte comme il faut et de m’écouter attentivement.

— Voilà, fit Frascani en mettant le crochet de la porte dans l’anneau, je suis tout oreilles.

— Monsieur Frascani, si je vous donne deux louis, me direz-vous ce que contient la fameuse lettre ?

Les yeux de l’Italien brillèrent un instant, mais il reprit :

— C’est ça votre nouveau ? vous pouvez vous en vanter.

— Vous ne voulez pas ?

Jamais de la vie, monsieur José.

Dans un sac ouvert, parmi les objets de toilette, José prit un joli poignard dont la pointe effilée brillait au soleil du hublot. Il se disait : « Il vaut mieux que ce beau petit couteau soit entre mes mains qu’entre les siennes, et comme je pourrais lui dire des choses très surprenantes, désagréables même, il faut que je sois prudent. » Il continua, en appuyant sur ses mots :

— Vous perdez deux louis, monsieur Frascani.