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ravant, j’étais à Québec, où j’ai rencontré Ascot, que Dieu bénisse.

— Eh ! bien, ça ne vous dit rien ?

— Attendez, j’étais à Québec…

— Et qu’est-ce que vous faisiez à Québec t

— J’attendais Ascot.

— Vous attendiez, mais vous deviez faire autre chose ?

— Ah ! j’y suis.

— Bon.

— J’y suis, j’y suis. Laissez-moi vous raconter ça, c’est trop drôle.

— Je suis tout oreilles.

Moi aussi, dit Dolbret, tout bas, à Berthe.

— J’étais arrivé à Québec avec un dollar dans ma poche et il me fallait attendre Ascot. Je ne pouvais pas vivre de l’air du temps ; mon dollar était dépensé douze heures après mon arrivée, et pourtant j’en avais pris un soin ; j’avais été même jusqu’à ne pas boire. Il fallait vivre. Alors imaginez-vous, mon cher Bill, que j’ai eu la plus cocasse d’idée qu’on puisse imaginer : je me suis fait embaucheur pour les navires.

Dolbret eut un sursaut, il commençait lui aussi à se rappeler. Le Dean continuait, tout en s’interrompant de temps en temps pour rire :

— Diable, fit Bill, est-ce que ça paie, ça ?

— Pas trop. L’avantage c’est qu’on vous donne de l’argent d’avance pour payer des consommations aux gens qu’on veut prendre. Tout de suite, de cette façon, vous avez de quoi manger avant d’avoir travaillé, et si vous ne réussissez pas, vous ne remboursez pas, bien entendu.

— Alors ?