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ter au nord, d’un seul coup ; il avait ressauté presque immédiatement après à l’ouest puis était revenu au nord ; tout cela s’était fait dans l’espace de quelques secondes, et dans cet intervalle, l’embarcation avait failli chavirer deux ou trois fois. Maintenant elle s’emplissait d’eau. Dolbret se mit à la vider à l’aide de son chapeau ; mais la tâche était rude et l’instrument qu’il avait à sa disposition n’y suffisait pas. Il ne perdit pas cependant son sang-froid.

— P’tit-homme, je crains que nous n’allions nous briser sur les rochers.

— Pas de danger pour ça, monsieur le docteur, nous sommes partis six heures trop tard.

— En effet, nous étions probablement loin de Rimouski, et le vent tourne à l’ouest maintenant. Si nous nous couchions de tout notre long au fond, peut-être cela empêcherait-il l’eau d’emplir la chaloupe.

Sans dire un mot, P’tit-homme suivit le conseil ; au même moment l’embarcation chavira complètement. Heureusement, Dolbret ne s’était pas encore couché et avait conservé la liberté de ses mouvements. Il réussit à remettre la chaloupe à flot, et, empoignant P’tit-homme par le gilet, il le souleva d’une seule main.

— Merci, docteur, fit P’tit-homme en renvoyant l’eau par la bouche et les narines.

La situation devenait embarrassante. Dolbret, voyant les yeux désespérés du matelot, sentit son cœur se gonfler. Il regretta de l’avoir entraîné dans cette aventure. Lui-même sentait ses forces diminuer et avait peine à tenir la barre. Quant à Labbé, il avait repris une rame et la main-