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— J’ai compris, dit le Zoulou en éperonnant son cheval.

Les bêtes effrayées, sans doute, semblaient fuir devant la tempête grandissante, ils dévoraient le veldt, leurs naseaux palpitaient ; comprenant peut-être le danger dont leurs maîtres étaient menacés, ils raidissaient leurs jarrets, malgré la fatigue et l’épuisement causés par une course déjà longue.

Au bout de quelque temps, Dolbret rompit le silence :

— Entendez-vous des pas ? demanda-t-il.

— Oui, ce sont eux, dit Stenson.

— Ils se rapprochent toujours.

— Et la tempête aussi.

— Il y a autre chose que la tempête, on dirait le bruit du canon.

— En effet ; et il passe dans l’air des clartés qui ne ressemblent pas à des éclairs.

— Il doit y avoir quelque grande bataille en marche dans le sud ; c’est probablement l’armée de Roberts qui est aux prises avec celle de Cronjé.

— Nous sommes dans le district où doit se livrer la bataille dit Stenson.

— Croyez-vous ?

— Je vous l’affirme ; j’ai entendu passer des balles.

– Tiens, dit Wigelius, j’en ai une dans mon chapeau.

— Ce ne peuvent être des balles égarées, dit Dolbret ; nous sommes poursuivis.

En disant ces mots, d’un mouvement brusque, rapide, il fit volte-face, attendit qu’un éclair illuminât la plaine et regarda attentivement en arrière. Puis, reprenant sa course :