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Pendant que le gardien lui parlait, cinq minutes auparavant, il avait fait la réflexion vivante : « Si je parviens à détourner l’attention de ce monsieur qui a soin de ma personne, je puis me sauver ; mais si je me sauve, je ne suis pas encore sauvé. Dix secondes après mon départ, on va s’apercevoir de ma disparition et je vais attraper du plomb dans le dos. Si j’étais armé de fer comme les anciens chevaliers, la solution du problème serait toute trouvée. Mais je ne suis pas chevalier et encore moins armé de fer. Alors il me faudrait voyager dans un train blindé. Malheureusement, il n’y en a pas dans les environs, et, y en eût-il, on ne le mettrait probablement pas à ma disposition. Il y a autre chose : il y a là, dans le coin, un vieux poêle qui n’a pas l’air de se douter qu’il va remplacer un train blindé et servir, en même temps, de bouclier, de cotte maille, d’armure à un chevalier des temps modernes. Pourvu, tout cela, que mon gardien disparaisse. Et cela va se faire, si le sort me favorise, grâce aux leçons que j’ai reçues du Dean Polson, sur la manière de se servir du laudanum. »

Le gardien supprimé, il ne restait plus à Dolbret qu’à s’armer.

Pour une dernière fois, il imita le cri du hibou et aussitôt on lui répondit du buisson voisin. Alors, prenant le poêle, il le mit sur sa tête. Ses larges épaules eurent de la peine à passer dans le tube un peu étroit, mais elles se firent plus petites et il se trouva couvert de fer depuis le sommet de la tête jusqu’à la taille. L’ouverture pratiquée dans le côté de la paroi lui permettait de voir et de se guider.