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caisses de vivres s’entassaient, mêlées aux armes et aux autres objets d’équipement ; un vieux poêle, sorte de tube large, muni dans le bas d’une ouverture pour faire le feu, et, à la partie supérieure, d’un trou pour la fumée, se cachait dans un coin.

Dolbret promenait ses regards du gardien à ces différents objets et il se demandait comment les utiliser pour son salut. La première chose à faire, c’était de détourner l’attention du cerbère, ce qui n’était pas facile, car comme il était seul à garder son prisonnier, il accomplissait sa tâche le plus consciencieusement possible. Il ne le quittait pas des yeux, il épiait tous ses mouvements, ses gestes les plus insignifiants, et la moindre chose le faisait tressaillir.

Pierre remarqua ces détails et il en tira une conclusion ; il se dit : « Voilà un homme nerveux, par conséquent un homme qui ne vaut pas grand’chose pour la besogne qu’on lui a confiée. En outre, il a contre lui non seulement son tempérament mais encore son caractère : en effet un homme nerveux est presque toujours un homme sensible ; un homme sensible est presque toujours naïf ; un homme naïf… un homme naïf… Ma foi, je suis au bout de ma fusée, je ne puis arriver à trouver ce que c’est qu’un homme naïf. Mais je suis bête, un homme naïf, c’est justement ce qu’il me faut on ne peut désirer mieux. Voyons, maintenant qu’est-ce que je lui dirais bien pour engager la conversation ? Je ne lui parlerai pas du temps, ça ne l’intéressera pas. Essayons autre chose, flanquons-lui une bourde quelconque. »

— Dites-donc, mon ami, fit-il, avez-vous déjà entendu parler de la maison Pâquet, de Québec.