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complète d’équilibre entre ses facultés, entre son imagination et son jugement, même entre son cerveau et le reste de son être, et il s’était dit : « Il vaut mieux que je meure, je me suis trop fait souffrir déjà. » Cette résignation l’avait consolé, mais elle avait produit le contraire de ce qu’elle devait produire ; une fois consolé, il avait voulu vivre encore, et il avait songé aux moyens à prendre pour sauver sa tête.

Revenu à la cabane en terre, il constata que son gardien, avait été changé. Les restes du souper n’avaient pas été enlevés encore ; un verre était là, plein de bière, qu’il n’avait pas pu boire avant le procès. Il allait le prendre et le porter à ses lèvres, mais il le remit sur la table sans y avoir bu : le hou-hou de Zéméhul venait de frapper son oreille. Le gardien lui dit :

— C’est triste, n’est-ce pas, ce cri ?

— Oui, très triste, répondit Pierre. Pourtant il songeait à part soi : « Pas si triste, mon vieux, il ne faut pas mal parler des hiboux. Si seulement je pouvais faire dire à Zéméhul que je suis ici. José va pourtant essayer de faire quelque chose. »

Le cri continuait à se faire entendre à intervalles réguliers ; C’était d’abord un hou-hou répété trois fois, puis une sorte de gloussement. Dolbret reconnaissait bien l’avertissement du fidèle et intelligent Zoulou. Il pensa : « Si je ne m’en tire pas, avec tous ces avantages, je ne suis qu’un imbécile. » Il se mit à examiner du regard la cabane qui lui servait de prison. C’était pauvre et lamentable : parmi les objets de ménage du burgher, abandonnés dans la précipitation de la fuite, des