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rôles que nous venons de rapporter ; l’expérience ne souriait à aucun d’eux. Un des lieutenants prit la parole :

— Qu’on nous permette de sortir, dit-il, et qu’on charge un expert d’ajuster les pièces de kaki sur nos pantalons, nous les enlèverons pour cela.

— Mais si vous sortez, fit le colonel en riant, on verra tout de même qu’il vous manque quelque chose.

Dolbret réclama la parole.

— Parlez, prisonnier.

— Si mon colonel veut bien me permettre d’exprimer une opinion, je conseillerai à ces messieurs de sortir à reculons ; la dignité du conseil n’en souffrira pas, au contraire.

— Accordé.

On vit alors la colonne marquer le pas, s’effacer graduellement dans la porte de la tente, puis disparaître.

L’honneur était sauf !

L’opération fut bientôt faite, et le moment de gaîté que l’entrée des témoins avait apporté sous la tente s’évanouit ; tout redevint solennel. La preuve était écrasante. Le prisonnier, au risque d’augmenter la difficulté de sa position, ne pouvait alléguer qu’il n’avait pas eu l’intention d’insulter les soldats, ni que son seul but avait été de s’amuser à leurs dépens ; le ridicule de la chose n’eut pas convaincu les juges, c’eût été du temps perdu.

Malgré leur habitude des spectacles de ce genre, les membres de la Cour laissaient paraître sur leurs traits la tristesse dont le cas désespéré du malheureux les remplissait. La mort qui, dans un combat, surprend et emporte cent hommes à la fois,