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autre côté, la perspective d’avoir sa part dans une fortune de deux millions et demi était bien faite pour l’ébranler. Mais Stenson, depuis l’aveu de son amour, semblait ne plus vivre ; il avait suivi Dolbret machinalement, comme pour ne pas rester seul ; il était allé à Durban sans s’occuper un instant du but de son voyage ni des intérêts de la maison Stenson et Waitlong. La tentation ne dura donc pas longtemps. Avec, dans la voix, une sorte de résignation, d’abandon, il dit à son ami :

— Je vous en prie, ne parlez pas de cela.

Et comme Pierre insistait, Wigelius mit fin à la discussion en disant :

— C’est bien, c’est bien, Pierre, vous êtes un cœur généreux, nous verrons après ; il sera toujours temps. Occupons-nous maintenant de préparer notre expédition. Il nous faut des chevaux, des carabines, des revolvers, des couteaux. Quelle partie de plaisir ! Et dire que votre bonheur est au bout de tout cela ! Voilà une chasse qui me plaît.

— Wigelius a raison, dit Stenson, il faut nous préparer.

— Nous avons encore le temps, reprit Dolbret, nous avons à attendre que le pauvre homme soit mort. Il n’en a pas pour longtemps, dans huit jours, tout sera fini. Du reste, il m’a parlé de l’expédition. Nous prenons le train jusqu’à Bloemfontein ; arrivés là, un homme sûr nous attend, qui nous servira de guide.

— Il vous a dit son nom ?

— Oui, Zémehul, un Zoulou dévoué corps et âme à Mortimer. Je vais le prévenir demain, par lettre, de notre arrivée prochaine.